Le
plus grand flou règne sur le nombre réel d'auxiliaires de vie scolaire
effectivement en poste auprès des quelque 160 000 enfants handicapés
scolarisés en milieu ordinaire, ont affirmé les associations, en
avançant une estimation de 9 000 à 16 000 AVS, selon les chiffres peu
précis communiqués par l'Education nationale. L'Unaïsse et la Fnaseph
ont déploré l'absence de transparence sur ces statistiques.
L'accompagnement
des élèves handicapés scolarisés à l'école ordinaire ne s'improvise
pas. Il demande même une formation, une expérience, bref un
professionnalisme que l'actuel statut précaire des auxiliaires de vie
scolaire (AVS) est bien incapable de garantir, ont dénoncé, mercredi 20
février, la toute jeune association nationale des AVS (Unaïsse), fondée
en juillet 2007, et la Fédération nationale au service des élèves en
situation de handicap (Fnaseph), créée en 1996.
Toutes deux
réclament donc, avec le soutien de l'Association des paralysés de
France (APF), la reconnaissance professionnelle de leur activité qui
n'a, pour l'instant, aucune existence institutionnelle, malgré les
principes posés par la loi sur le handicap du 11 février 2005. Elles
demandent donc la création d'un nouveau métier statutaire et qualifié
d'accompagnant de vie scolaire et sociale (AVSS). Intégré à la fonction
publique, il pourrait s'étendre aux temps périscolaires et de loisirs,
et permettrait d'assurer le service de qualité auquel ont droit les
élèves en situation de handicap.
A cet égard, les AVS ont constaté
avec beaucoup de déception que le plan des métiers au service des
personnes handicapées et des personnes âgées dépendantes, présenté le
12 février par la secrétaire d'Etat chargée de la solidarité, Valérie
Létard, survolait la question des AVS.
Aucune qualification n'est
requise pour être recruté sur ces postes, ont rappelé les représentants
associatifs. La tendance actuelle est même d'ouvrir cette fonction à
des publics en insertion, par le biais des contrats aidés que sont les
contrats d'accompagnement dans l'emploi (CAE) ou les contrats d'avenir.
Avec pour conséquence le paradoxe de confier des enfants en plus ou
moins grande difficulté du fait de leur handicap à des accompagnants
eux-mêmes en difficulté sociale, pour une durée pouvant aller de six à
24 mois.
Près de la moitié des AVS (40 %) ont par ailleurs un statut
d'assistant d'éducation, guère plus enviable, puisque ce contrat est
limité à une durée de trois ans renouvelable une seule fois. Et ce
avec, pour la quasi-totalité des AVS, des contrats de travail à temps
partiel subi de 20 heures par semaine, soit 500 à 700 euros par mois en
moyenne.
Précarisation croissante
"Au fur et à
mesure que les effectifs augmentent, ils subissent une précarisation
croissante de leur statut et des conditions de travail de plus en plus
médiocres, avec des conséquences évidentes sur la qualité du service
rendu au public concerné", a ainsi souligné Mona Bordeau, de l'Unaïsse.
Considérés
comme des emplois-tremplins, les postes d'AVS sont soumis à "une
rotation incessante de personnel, une perte de compétence permanente",
constituant ainsi un dispositif condamné à accueillir d'"éternels
débutants", au détriment du suivi de l'enfant et du partenariat à
mettre en place avec le corps enseignant.
La demande est pourtant
forte dans les centres de formation au travail social pour ce métier
qui n'en est pas un, a-t-elle encore assuré. Il est enfin impossible
aux plus expérimentés des AVS de poursuivre dans cette voie, alors même
qu'ils souhaiteraient y faire carrière.
D'abord organisé à
l'initiative de parents et d'associations s'appuyant sur les
emplois-jeunes, l'accompagnement scolaire des enfants handicapés est
certes passé en 2003 sous la tutelle de l'Education nationale, mais
sans grand changement, selon la Fnaseph. "Nos enfants sont toujours
considérés comme un terrain d'expérience professionnelle et condamnés à
être encadrés par du personnel non formé", a ainsi regretté sa
présidente, Marie-Christine Philbert, en dénonçant "une situation
indigne du point de vue des enfants et des parents, ainsi que des
enseignants".
"Tout est fait pour démontrer que la scolarisation des
enfants handicapés n'est pas possible", a commenté pour sa part
Jean-Marie Barbier, le président de l'APF, mais "on ne peut pas dire
que c'est un échec si on ne s'est pas donné les moyens de réussir".
Union nationale pour l'avenir de l'inclusion scolaire, sociale et
éducative (Unaïsse)
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