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«Sans formation, comment s'occuper d'un autiste ?»
Propos recueillis par Laure Daussy (lefigaro.fr)
20/02/2008
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Le
nombre d'auxiliaires de vie (AVS), qui accompagnent les enfants
handicapés à l'école, a sensiblement augmenté à la rentrée 2007. Mais
les AVS déplorent leur statut précaire et leur manque de formation.
Il
y a un peu moins d'un an, la question de la scolarisation des enfants
handicapés était au cœur du débat de l'entre deux tours de l'élection
présidentielle. Si le droit opposable à la scolarisation des
handicapés, proposé par Nicolas Sarkozy n'est pas encore adopté, 2700
auxiliaires de vie scolaire (AVS), ont été recrutés à la rentrée 2007.
Au total, 15 000 AVS s'occupent de quelque 300 000 enfants handicapés
scolarisés. Pilier de l'accompagnement des enfants au quotidien, les
AVS l'aident à se déplacer, à communiquer, s'intégrer au rythme
scolaire.
Mais le rôle des AVS n'est pas reconnu à sa juste
valeur, selon l'Unaïsse, l'association nationale des auxiliaires de vie
scolaire, qui a signé une pétition adressée mercredi au premier
ministre. Nathalie Dupain, membre de l'association, appelle les
pouvoirs publics à professionnaliser leur activité.
Quelle est la situation de l'accompagnement des enfants handicapés à
l'école ?
Il
y effort quantitatif, avec 2700 AVS recrutés, mais pas qualitatif. Les
AVS sont employés en contrat précaire. Le personnel est sans cesse
renouvelé, ce qui nuit au suivi de l'enfant. Celui-ci voit ainsi
défiler un AVS différent tous les deux ou trois mois. Surtout, les AVS
ne sont pas suffisamment formés à l'accompagnement du handicap. Ils ont
seulement 60 heures de formation et, dans certaines académies, aucune.
A titre de comparaison, un éducateur spécialisé dans le handicap
bénéficie de trois ans de formation.
Comment est-ce que l'on se débrouille face à un enfant handicapé, sans
avoir été formé ?
A
titre personnel, après une seule expérience auprès d'un enfant
handicapé, j'ai dû suivre un jeune autiste en maternelle. Ma mission
était de le socialiser, de lui apprendre à vivre avec ses camarades…
Mais comment faire lorsqu'on n'a eu aucune formation sur l'autisme ?
J'ai fait des recherches sur cette maladie, j'ai observé l'enfant.
J'agissais à partir de mon ressenti personnel. Mais on se sent démuni,
on ne sait pas si ce que l'on fait est bien ou pas. A chaque fois c'est
pareil, on arrive sur le terrain et l'on se forme comme on peut. Ce
n'est pas correct vis-à-vis des enfants. Or ces enfants handicapés ont
le droit, comme les autres enfants, à un accompagnement professionnel
de qualité.
Au regard de cette situation, quelles sont vos revendications ?
La
loi de février 2005 sur le handicap devait mettre fin à la situation
précaire des AVS dans un délai d'un an. Ce n'est toujours pas le cas.
Valérie Letard, secrétaire d'Etat chargée de la Solidarité vient
d'annoncer des « plans régionaux des métiers au service des personnes
handicapées et des personnes âgées dépendantes ». Un plan qui survole
la question des auxiliaires de vie. Nous interpellons les pouvoirs
publics pour que notre activité soit reconnue comme un véritable métier
de l'accompagnement scolaire, pour mettre fin à la situation de
précarité des personnels.