Témoignage d'une ancienne auxiliaire de vie scolaire
http://www.cdh-politique.org/component/content/article/61-f-articles-page-accueil/281-temoignage-dune-ancienne-auxiliaire-de-vie-scolaireAncienne AVSi, je garde un goût à la fois acidulé et amer de mon expérience durant deux années consécutives. Acidulé, car ce fut un plaisir immense de travailler avec des enfants "différents". Je me sentais proche d'eux tout en maintenant une distance avec leur handicap. C'était eux, pas moi.
Avec cet adolescent, mal dans sa peau, j'ai partagé des moments de complicité. Avec cet enfant albinos, j'ai accepté de surmonter ma peur de le rencontrer. La rencontre a eu lieu, et j'en suis ravie. Je l'ai suivi durant une année scolaire.
Cet enfant avait de grandes difficultés de compréhension, de concentration, de mémoire, et presque aveugle, à la fin de son année il avait surmonté les obstacles. Mais il était difficile de le convaincre de protéger sa peau. Je l'ai surpris mettre sa crème solaire sans que la maîtresse ou moi-même lui fasse une remarque, excepté l'encourager encore plus.
La fonction d'une auxiliaire de vie scolaire est presque idyllique. Voilà pour le goût acidulé, passons au goût amer : je pense malheureusement que ça arrange beaucoup de personnes (sauf ceux qui sont directement concernés) de laisser en plan cette fonction d'AVS. Cela arrange des personnes de ne pas pérenniser l'emploi d'AVS, avec une vraie formation à la clef, et un vrai salaire.
En effet, l'AVSi que j'étais, faisait tout le travail de la maîtresse avec la maîtresse évidemment (je ne la remets pas en cause). Mais quand on a la chance d'avoir une main d'œuvre à tout faire pour pas cher. Excusez-moi pour mon ironie. Mais c'est l'impression que j'ai. Encore faudrait-il s'entendre sur les rôles de l'AVS.
Après avoir joué à la maitresse pour un enfant, je ne me vois plus refaire ce "métier". Je suis mieux payée en enseignant à des particuliers. C'est dommage pour moi car j'y ai vraiment pris du plaisir. Mais c'est surtout dommage pour ces enfants qui sont, au bout du compte, laissés au bord de la route. Quel avenir pour eux ? Il y aurait tellement à dire...
Claire ROIG
Ecrivain conseil
Membre du Collectif des démocrates handicapés